Quelques conseils pour les fleuristes en reconversion

picto de rose

Je reçois quasi quotidiennement des demandes de personnes en reconversion qui souhaiteraient devenir fleuriste et s’interrogent sur ce métier, sa réalité, le parcours à suivre, la formation…

Je me suis donc dit qu’il était grand temps de partager ici mon expérience afin de pouvoir répondre aux questions que l’on me pose le plus souvent!

 

Petit retour sur mon parcours

J’ai créé Atelier Aimer en mai 2017 à la suite d’une reconversion. Avant de devenir fleuriste, je travaillais dans une grosse société de création de parfums. J’ai une formation scientifique: licence de chimie, master en chimie-parfumerie. Pas grand chose à voir avec les fleurs!

Je suis passée par de nombreux questionnements tout au long de ma reconversion : quelle est la réalité du métier de fleuriste? comment se former? être fleuriste sans avoir de boutique, rêve ou réalité?

Je sais comme il est important de trouver quelqu’un qui accepte d’échanger et de partager son expérience, aussi je vais tâcher de répondre aux différentes questions et doutes qui ont jalonné mon parcours…

 

De la réalité du métier de fleuriste

 

« Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie. » Confucius

Depuis que j’ai changé de voie, pas un jour n’a passé où j’ai regretté mon choix. C’est le grand avantage d’un métier passion: je n’ai pas l’impression de travailler.

Petit inventaire à la Prévert des 1001 raisons qui me font adorer mon travail: les fleurs bien sûr qui chaque jour me surprennent et me font rêver, la créativité sans limites qu’offre ce métier, les rencontres (avec les autres prestataires, les clients, futurs mariés…), la liberté de travailler à son compte, l’absence de routine…

 

Le côté obscur de la fleur

Cependant, ce serait mentir de dire qu’être fleuriste est un long fleuve tranquille!

Être fleuriste, ce n’est pas juste passer ses journées entourée de fleurs à créer de beaux bouquets et compositions, l’envers du décor est beaucoup moins glamour!

Être fleuriste c’est aussi (liste non exhaustive…):

– avoir toujours trop froid (hello l’atelier non chauffé pour ne pas abimer les fleurs) ou trop chaud (hello les installations mariage sous un soleil de plomb)

– passer son temps à porter des choses! des bacs de fleurs, des contenants pleins d’eau, des structures lestées de béton… la partie manutention est très importante dans ce métier, en particulier sur les mariages! C’est un métier vraiment physique et qui n’épargne pas le corps: dos en compote, mains abimées…

– aimer se lever tôt et se coucher tard: pour aller chez les fournisseurs, pour préparer un mariage, pour répondre aux devis en retard… les journées sont souvent longues.

– du stress! la fleur est un produit ô combien fragile et plein de surprises, bonnes ou mauvaises… Lorsqu’on fleurit un événement, on est en permanence stressé que les fleurs soient assez ouvertes le jour J mais en même temps qu’elles tiennent suffisamment longtemps. Et comme la préparation est concentrée sur un temps court, pas de temps à perdre, le moindre imprévu est aussi une grande source de stress! Combien de fois je suis repartie d’une installation mariage, éreintée mais impossible de quitter des yeux mon téléphone en stressant de recevoir un appel pour me dire que l’arche était tombée sur les mariés ou que les compositions s’étaient envolées! 😅

– savoir être bricoleur! parce qu’il faut aussi créer et construire des structures. Castorama est ton ami ✌🏻

Voilà déjà pour la partie purement ‘fleur’, mais comme tout métier où l’on travaille à son compte, il faut surtout être multitâche! Fleuriste oui, mais aussi photographe, community manager, comptable, gestionnaire, commercial, livreur, responsable marketing etc.

Et l’argent dans tout ça?

Soyons clairs: si vous souhaitez gagner confortablement et rapidement votre vie, passez votre chemin.

J’ai quitté un job salarié bien payé, avec congés/RTT, mutuelle, CE et tout le package, et je sais pertinemment que je ne gagnerai jamais autant qu’avant (alors que mes semaines classiques étaient plus proches au départ de 70h que de 35h).

EDIT 2022 : Mais… avec l’expérience, j’arrive désormais à gagner confortablement ma vie, et ce en ayant un bon équilibre vie pro / perso. Donc tout est possible si on s’en donne les moyens, et qu’on est un peu patient pour laisser les choses s’installer petit à petit…

 

Pourquoi j’ai choisi l’atelier

Une autre question qui revient souvent: pourquoi travailler en atelier plutôt qu’en boutique?

Voici les raisons principales pour lesquelles je n’ai jamais envisagé mon métier autrement qu’en atelier:

– la liberté! impossible pour moi de me dire que je DOIS être ouverte 6 jours sur 7 et « attendre le client »… question de caractère 😉

– si on veut travailler sur les mariages et avoir une boutique, il faut forcément avoir un backup pour le samedi afin d’être disponible pour les installations.

– la gestion des stocks: pour qu’une boutique fasse envie, il faut qu’il y ait des fleurs et du stock en permanence, ce qui signifie qu’il y a forcément un taux de perte important. La simple idée d’acheter des fleurs en sachant pertinemment qu’une grande partie finira à la poubelle est inconcevable pour moi! En atelier, je n’achète des fleurs que lorsque j’ai des commandes. D’une part cela assure à mes clients une fraicheur optimale (les fleurs ne passent jamais plus de 24h à l’atelier), d’autre part cela me permet d’acheter uniquement ce dont j’ai besoin. Et quand j’ai un peu trop de fleurs, je les fais sécher!

Après, l’atelier présente un inconvénient majeur par rapport à la boutique: le fait de ne pas avoir pignon sur rue oblige à soigner sa communication et à y passer du temps!

 

Formation: que choisir?

C’est la question qui revient le plus souvent : qu’est ce que je recommanderais pour se former?

CAP ou pas?

J’ai suivi une formation de 6 mois à la Piverdière, une école près d’Angers qui propose une formation pour les fleuristes en reconversion ayant pour projet de créer ou reprendre leur entreprise, puis j’ai passé le CAP en candidat libre histoire de boucler la boucle (je précise cependant qu’il n’y a aucune obligation de diplôme pour devenir fleuriste!)

La formation était de qualité, mais très vite j’ai réalisé que cela ne correspondait absolument pas à la façon dont j’avais envie de travailler. Le choix des fleurs certes, mais aussi et surtout les techniques florales qui ne correspondaient pas à mon style ou à mes valeurs.

De plus, le profil de fleuriste en atelier est encore assez flou et dans ces formations, fleuriste = boutique. Or la façon de penser son activité en atelier est vraiment très différente de la gestion d’une boutique.

Je ne regrette pas ce choix, cela m’a permis de toucher à la fleur et de pratiquer, mais très clairement aujourd’hui j’utilise environ 5-10% des techniques apprises en CAP, j’ai très vite fait de « désapprendre » le reste…

Et si j’avais pu bénéficier de conseils avisés avant, j’aurais certainement gagné du temps en me formant autrement!

Et donc, comment se former?

J’en suis convaincue aujourd’hui: mieux vaut investir dans un workshop de qualité avec des fleuristes dont l’univers vous correspond! J’ai mille fois plus appris lors des workshops auxquels j’ai participé (5 jours au total) que lors de ma formation (6 mois).

Le contenu du workshop est beaucoup plus ciblé, et les techniques abordées bien plus cohérentes en termes de style et de valeurs.

Autres avantages non négligeables des workshops:

– se construire un réseau! Les workshops sont l’occasion de rencontrer d’autres fleuristes qui partagent la même philosophie. C’est un petit monde où l’on est souvent bien seul dans son atelier ou derrière son ordi, aussi c’est vraiment top de pouvoir rencontrer et partager avec d’autres fleuristes plus ou moins expérimentées. À savoir également que lorsqu’un fleuriste recherche des freelances pour l’aider sur un mariage, il préférera toujours choisir quelqu’un issu de son réseau plutôt qu’un parfait inconnu! Pas mal pour débuter et se faire la main sur des mariages sans pour autant avoir à gérer le fameux stress décrit plus haut…

– créer son book: en général sur les workshops il y a toujours un photographe professionnel présent pour immortaliser vos créations (et votre bouille 🙈), un matériel très précieux quand on commence et que l’on n’a pas encore d’images de ‘vrais’ mariages à partager pour communiquer!

Mon expérience des workshops

J’ai testé deux workshops dont je peux vous parler en connaissance de cause:

– une journée chez Avril Mai à Bordeaux ciblée sur les techniques florales pour les accessoires de mariage : couronnes, boutonnières, peigne fleuri… J’utilise quotidiennement les techniques apprises, et les photos de mon travail prises par Sarah Miramon me servent encore aujourd’hui!

– les workshops Au Jardin de Florésie organisés par la talentueuse Laetitia et magnifiquement photographiés par Harriette Earnshaw. Pour dire à quel point j’ai adoré, je l’ai fait deux fois à quelques mois d’intervalle! De la technique oui, mais aussi des échanges sur la partie business, communication, photo… Et des rencontres qui n’ont pas de prix!

Il y a de plus en plus de fleuristes qui lancent leurs formations alternatives en France, et si vous êtes bilingue il y a aussi la possibilité de se former à l’étranger! À vous de cibler les fleuristes dont l’univers vous parle le plus.

Mon conseil pour se former

En résumé, aujourd’hui je recommanderais aux personnes en reconversion de se former comme suit:

– deux ou trois workshops en groupe: pour acquérir les bases, pratiquer, se faire un réseau, construire son portfolio

– une formation en one-to-one afin d’aller plus loin et de bénéficier de conseils et d’un programme de formation personnalisés, pour perfectionner certaines techniques ou aspects business bien spécifiques, et également pour enrichir votre portfolio. C’est le type de formation que je propose à l’atelier, construite sur mesure selon vos besoins et attentes: si vous êtes intéressé.e n’hésitez pas à me contacter!

– et pourquoi pas, en parallèle ou à la place selon les contraintes de chacun, une formation en ligne, dont on pourra revisionner les vidéos à l’infini.

 

En conclusion…

Le métier de fleuriste est un métier magnifique et passionnant, mais il faut vraiment dès le départ se poser les bonnes questions et définir ses priorités!

Nous n’avons pas tous les mêmes objectifs, et le chemin à suivre dépend de cet objectif.

Selon que votre souhait est de vous créer une activité qui vous dégage du temps, ou si vous souhaitez devenir THE fleuriste de référence dans tel(le) région / style, ou encore si vous souhaitez juste gagner de l’argent avec votre activité, vous n’aborderez pas le métier de la même manière.

Mon dernier conseil sera donc: réfléchissez dès maintenant à votre objectif, une fois que vous avez une ligne directrice claire il est beaucoup plus simple d’avancer dans le bon sens et de prendre les bonnes décisions!

 

 

J’espère que cet article aura pu en éclairer certain(e)s et répondre à vos questions sur ce métier magnifique!

Et si vous avez encore des questions, des doutes, souhaitez échanger de vive voix sur votre projet et me poser vos questions, je propose des sessions de mentoring, contactez-moi!